Unihockey Riviera Jongny-Vevey, une fusion qui rime avec formation

Interview de Marc Chappuis pour planete-sports

Après la récente fusion des clubs de Jongny et de Vevey, petit état des lieux avec Marc Chappuis, co-président de l’Unihockey Riviera Jongny-Vevey.

Planète Sport (PS) : Les clubs UHC Jongny et Raptors Vevey ont fusionné en 2024 pour former l’Unihockey Riviera Jongny-Vevey. Est-ce que l’entente est cordiale entre ceux du haut et ceux du bas ?

Marc Chappuis (MC) : L’UHC Jongny a été créé en 1989, c’est l’un des plus anciens clubs d’unihockey en Suisse romande. Le club a ensuite développé une école d’unihockey à Vevey en 1999, et le sport s’est étendu en ville par ce biais là, via une bande de copains. En 2009, ces jeunes ont fondé le club des Raptors.

C’est sûr qu’à Jongny, l’arrivée de ce club concurrent n’a pas été vue d’un bon œil, surtout qu’ils ont rapidement été performants. Donc oui, il y a eu une rivalité (saine), surtout au niveau des juniors.

En 2013, Vevey et Jongny avaient chacun une équipe féminine. C’est alors que nous avons pensé qu’il serait intéressant, pour développer l’unihockey féminin, d’unir nos forces. À ce moment-là, les deux clubs se sont rapprochés et ont inscrit les deux équipes sous une même bannière, mais sans fusionner. Cela facilitait l’échange de joueuses selon leurs niveaux.

Nous avons commencé à créer des synergies au niveau administratif et sportif, avec, par exemple, des joueurs de Jongny qui sont allés renforcer les Raptors dès 2016, lorsque leur première équipe masculine est montée en première division en petit terrain.

PS : Quels sont les avantages de cette fusion, notamment en termes de formation ?

MC : En 2020, nous avons mis sur papier nos réflexions pour développer des équipes juniors communes en grand terrain. Dans l’optique d’atteindre un plus large public sur toute la Riviera et de proposer toutes les catégories de jeu, il est utile d’unir nos forces pour pouvoir accéder aux salles triples, essentielles au format grand terrain (5 contre 5). L’accès à ces infrastructures reste parfois très compliqué.

PS : En Suisse, l’unihockey se divise en deux catégories : le grand terrain et le petit terrain. Pouvez-vous nous en dire plus ?

MC : Au niveau national et international, l’unihockey se joue en grand terrain, à 5 contre 5. En Suisse, nous avons un championnat avec des ligues A, B, etc., mais aussi un format petit terrain à 3 contre 3, qui peut être pratiqué dans une salle de gym simple, rendant le sport plus accessible. Ce format 3 contre 3 s’est extrêmement bien développé, et c’est ce que nous avons pratiqué à Jongny et Vevey pendant des années. Mais les jeunes ambitieux veulent jouer en grand terrain pour atteindre les niveaux nationaux, d’où notre volonté de développer cette catégorie chez nous aussi.

PS : Combien de membres et d’équipes compte votre club ?

MC : Nous avons 12 équipes juniors, 2 équipes féminines, 4 équipes masculines, et 2 équipes « détente » (non licenciées), ainsi que 2 écoles d’unihockey. Cela fait donc 22 équipes, une quarantaine d’entraîneurs et une vingtaine d’arbitres à recruter, c’est une grande équipe ! Nous comptons environ 300 membres, dont 200 juniors.

PS : Ce sport est encore assez masculin. L’unihockey féminin est-il en train de se développer et quelle place occupe-t-il au sein de votre club ?

MC : Un peu de chauvinisme : la première équipe féminine romande a été créée à l’UHC Jongny au milieu des années 90. À cette époque, les filles devaient jouer en Suisse alémanique ou en Singine. Nous étions donc un club précurseur pour les femmes. Actuellement, nous avons plusieurs filles au niveau junior, dans des équipes mixtes, et nous les intégrons dans des équipes féminines actives. Nous avons aussi de nombreuses joueuses talentueuses, dont l’une évolue actuellement à Berne.

Globalement, des clubs comme Yverdon et Semsales portent l’unihockey féminin, mais la fédération doit encore promouvoir ce sport. Nous aussi, nous travaillons dans cette voie avec environ trente joueuses actuellement.

PS : Votre club est impliqué dans la formation. Beaucoup de jeunes se tournent vers le football. La relève est-elle assurée chez vous ?

MC : L’engouement est bien là, en tout cas chez nous ! Nos 14 équipes juniors sont complètes, avec des jeunes de 7 à 20 ans. Nous avons gardé deux pôles (un à Jongny, un à Vevey) pour limiter les déplacements des plus jeunes. Les 7-13 ans restent sur leur pôle respectif, et les équipes deviennent communes dès 14 ans. Les communes de Vevey et de La Tour-de-Peilz nous aident à recruter, en gérant les inscriptions des écoles d’unihockey, dont nous assurons l’encadrement. Ça fonctionne très bien, mais nous accueillons toujours de nouveaux jeunes !

PS : Ce sport n’est pas très médiatisé. Pensez-vous qu’il y aurait davantage d’engouement si l’unihockey passait plus souvent à la télévision ?

MC : La finale du championnat est diffusée par la RTS, tout comme la finale de la Coupe suisse, mais cela reste ponctuel. Récemment, un reportage dans Sport Dimanche a abordé le manque d’infrastructures pour ce sport.

PS : C’est un problème pour vous ? Vous manquez de salles, notamment pour le grand terrain ?

MC : Oui, c’est un vrai défi. Il faut pouvoir réserver des créneaux, et ce manque d’infrastructures est l’un de nos plus gros problèmes. Sur la Riviera, l’offre de sports de salle est vaste (basket, volley, handball), mais il faudrait mieux organiser les créneaux et ne pas mettre, par exemple, un sport dans une salle triple s’il n’a besoin que d’une salle simple.

PS : Vous avez été président du Unihockey Club Jongny. Quelles sont vos fonctions actuelles ?

MC : Aujourd’hui, je co-préside le club avec François Chappuis, ancien président de Vevey. Nous travaillons sur la fusion des deux clubs, qui se portaient déjà bien, pour aller encore plus loin. Nous avons organisé des groupes de travail pour l’administration, le sport, la communication, les sponsors, les événements, la logistique, et les finances, en rassemblant les forces des deux anciens clubs.

PS : Enfin, pour finir sur une touche d’humour : est-ce que l’unihockey est un peu le « petit frère » du hockey sur glace ?

MC : Il y a un peu de vrai. L’unihockey est plus accessible : une paire de chaussures, un short, un t-shirt et c’est parti ! Et nous prêtons les crosses au début. C’est plus facile que le hockey sur glace, qui exige un équipement lourd. Les jeunes de la région, qui voient nos compétitions, ont envie d’essayer sans forcément penser au hockey sur glace. Mais l’unihockey est un sport à part entière. Nous espérons le populariser davantage, et nous aimerions aussi nous développer vers Montreux. Vevey est une ville de basket, mais nous souhaitons faire notre place, car tous les sports peuvent être complémentaires.

Notre objectif est d’avoir un maximum de jeunes, de proposer toutes les catégories d’âges, ce qui est déjà le cas, et d’avoir une vision à long terme.

Interview: Gilles Scherlé

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